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L’Association des Femmes Autochtones Pygmées (AFPA) en collaboration avec le CTIDD et l’appui financier de RRI (Right and Resources Initiatives) a initié du 07 au 24 juin une mission de terrain avec pour objectif la cartographie et la sécurisation de terres des communautés autochtones Pygmées et l’expérimentation des mécanismes de résiliences sociales et climatiques. De manière spécifique, ce projet vise à :

  • Sécuriser 3400ha de terres des femmes autochtones Pygmées dans les territoires de BIKORO, INGENDE, BOLOMBA et KIRI
  • Mettre en place des mécanismes de résilience pour les femmes autochtones en vue de faire face aux changements climatique et social.

Contexte des femmes pygmées

Les peuples Autochtones pygmées et communautés locales repartis dans le territoire de BIKORO, secteur d’EKONDA, dans le territoire d’INGENDE, secteur de BOKATOLA ainsi que dans le territoire de Kiri secteur de Pendjua sont touchés par les changements sociaux, climatiques et les inégalités liées aux droits fonciers et fonciers.

Ce peuple à la fois chasseur et cueilleur dont le mode de vie est intrinsèquement lié à la forêt dispose d’un savoir-faire endogène remarquable, une connaissance inégalée de la faune et de la flore ; ils considèrent les forêts comme étant leur lieu d’approvisionnement. Les femmes y pratiquent l’écopage, la cueillette, la récolte des produits forestiers non ligneux et les activités champêtres.

Dans ces contrées, les femmes PA représentent un pourcentage important des pauvres et dépendent des ressources naturelles et forestières pour assurer la survie de leur ménage. Cependant, leur accès à la terre et aux ressources naturelles demeure limité jusqu’à ce jour. Elles sont souvent confrontées à plusieurs formes de marginalisation et de discrimination de la part de leur congénère bantous, lesquelles discriminations leur laissent moins de temps pour se consacrer à la formation à l’instruction ou au développement personnel.

Ces femmes travailleuses passent des journées entières en forêt ; Cependant, le rendement qu’elles reçoivent n’a rien à voir avec l’énergie fournie. Malgré le statut de gardien de la forêt, les PA ne jouissent pas tellement de la terre et de la forêt au profit des exploitants forestiers et des autres communautés.
Dans ces contrées, les terres et les forêts sont en grande partie détenus par la gente masculine.

Résultats phares du projet

Dans le territoire de Ingende après le dialogue, trois femmes ont été identifiées et avait une tenure foncière reparti dans trois villages (Ifoku, Botsike et Bokatola). Cependant lors de la superposition des données, il s’avérait que les trois tenures des femmes se sont retrouvées dans les concessions forestières en activité, il s’agit de (COKIBAFORD, BBC et SEBA). Devant cette situation un autre endroit qui n’est pas dans les concessions forestières a été identifié et c’est le village Bokakia situé à 22Km de Bokatola centre où une femme pygmée a été identifiée au nom de Madame IBOTOLA MOKODJI ; dont la forêt porte le nom de « Elali » qui a 2316 ha.

Dans le territoire de Bikoro, secteur de Ekonda, quatre villages, dont deux par groupement. Il s’agit de groupement Bosanga avec deux villages (Bokongo et Lokuku) ; et le groupement Loondo avec deux villages (Nkwete et Mpangi-Bolia). Après le dialogue il s’avérait que tous les villages ciblés étaient dans des concessions forestières à   l’exception du village Mpangi Bolia, où une femme pygmée nommée Madame BOPOKA a été identifié et possède une tenure qui porte son nom de 642 ha.

Dans le territoire de Bolomba, dans le secteur de Bolomba, deux villages dont ITOTELA et MBEKE MBANGO dans le groupement ISAY ont accepté d’être accompagné pour la sécurisation de leur terre. Cependant seul l’identification des espaces a été faite lors du dialogue de ce fait la cartographie n’a pas été faite faute de moyen.

Dans le territoire de Kiri, dans le secteur de Pendjwa les femmes et particulièrement les femmes pygmées n’ont pas de tenures foncières. Les peuples autochtones pygmées de Pendjwa n’ont pas assez d’espace libre pour la sécurisation car il y a existence de concession forestière de communauté locale existante comme celle de de la CFCL de Likula loleke. De ce fait le projet a cartographié 3 terroirs des peuples autochtones pygmées dont Besaw, Ilongo et Bisengo qui ont désiré d’être accompagnés se trouvant dans un autre secteur toujours dans le territoire de Kiri qui est le secteur de Berengo, car ils ont leurs propres tenures foncières et coutumières dont les superficies cartographiées sont de 42708,42 Ha.

Sur terrain, différents modules de formation ont été dispensés à l’endroit des communautés :

  • La formation sur le changement climatique et social
  • La formation sur les techniques agricoles
  • La formation des cartographes locaux pour la récolte des données géo référencées
  • Le renforcement des capacités des autorités politico-administratives en matière du système d’information foncière.

Trois comités de gestion de cantine communautaire mis en place à Bokatola, Ingende et Kiri valablement représenté par les femmes PA pour une bonne gestion des intrants agricoles et matériels aratoires.

Changement climatique et social

Pour intégrer le monde et faire face au changement social imposé par la vie moderne, les femmes autochtones sont prêtes à se faire valoir et en s’adaptant selon leur choix innovations qu’apportent la modernité.

Le changement climatique se fait ressentir dans ces 3 territoires la perturbation des saisons, la rareté de poissons et du gibier

Pour y faire face, les femmes autochtones souhaitent développer des activités génératrices de revenus, mais elles n’ont pas les moyens.

Face à tous ces défis, les femmes PA n’ont qu’un seul souhait, envoyer leurs enfants à l’école avec espoir d’avoir un mandataire au sein du gouvernement en vue d’améliorer leur situation de précarité et d’injustice dont elles sont victimes.

À l’issu de cette mission de terrain

  • Les terres des femmes autochtones Pygmées des territoires d’Ingende, Bikoro et kiri ont été cartographiés pour une sécurisation durable;
  • Trois comités de gestion des cartes communautaires ont été installés et des outils aratoires ont été distribués dans les secteurs d’Ekonda et Bokatola afin de faire face à la résilience sociale et climatique.
  • Les femmes Pygmées ont été renforcées aux approches d’adaptation aux changements climatiques et sociaux dans les deux secteurs.
  • Les copies de loi portant droits et protection des peuples autochtones ont été distribuées aux chefs de secteur, chef de groupement, chefs de villages de trois secteurs.

Les femmes Autochtones disent satisfaites des activités menées par l’AFPA elles exhortent cette organisation de multiplier des initiatives de développement afin de relever leur niveau à l’échelle nationale, leur donner la possibilité de communiquer efficacement et valoriser les sciences de la nature dont elles sont garantes.

Pour les femmes Autochtones la route est encore à poursuivre et des initiatives comme celui de AFPA associé à la loi portant promotion et protection des peuples autochtones ainsi que la loi sur la parité promulguée par le chef de l’État viennent donner une lueur d’espoir à ces femmes pour une véritable reconnaissance de leurs droits. À travers l’installation des cantines communautaires dans chaque territoire et la distribution des matériels aratoires, l’AFPA offre aux femmes PA la possibilité de faire face aux changements sociaux et climatiques.

Par Gloria Iyosso & Audry M