La République Démocratique du Congo a fait face à une catastrophe environnementale et humanitaire dans la période allant du mois de Juillet au mois d’Août 2021 causée par la pollution des eaux des rivières Kasaï et Tshikapa dans le bassin versant du Kasaï.
C’est dans ce cadre que le Centre des Technologies Innovatrices et Développement Durable, à travers son projet de projection des eaux douces en RDC en collaboration avec la Coalition des Femmes Leaders pour l’Environnement et le Développement Durable (CFLEDD), avec l’appui financier de Synchroni City Earth a initié au mois d’Avril 2024 une mission de terrain à TSHIKAPA , dans la province de Kasai.
Cette mission a eu pour objectif d’évaluer la situation des communautés riveraines touchées par la pollution de 2021 à Tshikapa en vue d’envisager les actions à entreprendre au moyen d’une feuille de route en concert avec la société civile nationale.
De manière spécifique, cette mission vise à :
- Réaliser une cartographie de degré de vulnérabilité des ménages affectés par la pollution dans la ville de Tshikapa et les environs
- Sensibiliser des communautés riveraines sur les biens fondés de diversifier les sources d’eau potable en vue d’éviter les maladies hydriques;
- Décliner une feuille de route des actions à entreprendre en concert avec la société civile nationale.
Pour rappel, ce fut un certain 21 juillet que les habitants de la ville minière de Tshikapa ont constaté la pollution des affluents Kasaï et Tshikapa . cette catastrophe écologique était due à la rupture d’un barrage de résidus miniers à la SOCIEDADE MINEIRADA CATOCA , l’une des plus grandes mines de diamants au monde se trouvant en Angola,dans l’étang marais de Chikapa en province de Lunda qui se jette dans la rivière Kasaï en RDC.
Cette catastrophe a mise en péril les écosystèmes et affecté considérablement les eaux des rivières entrainant ainsi la mortalité des poissons des poissons et macro invertébrés, la destruction de l’écosystème aquatique ainsi que la coloration des eaux.
Après consommation et utilisation des eaux polluées, les communautés locales ont contactées des maladies hydriques , dysenteries sévères chez les adultes et chez les enfants .
D’après une habitante du village Kamabo, les femmes furent victimes des maladies infectieuses et génitales dues à la présence des métaux lourds dans les eaux.
A cet effet , le CTIDD a tenu deux ateliers d’informations à Tshikapa avec l’implication des autorités politico administratives et communautés locales afin de s’enquérir de la situation de la situation depuis les alertes de la pollution jusqu’à ce jour .
Ces ateliers ont permis aux participants (autorités politico-administratives et aux communautés riveraines de se saisir de cette initiative pour la poursuite des actions à mener dans le cadre de la pollution des eaux des rivières Kasaï et Tshikapa.
Une feuille de route indicative a été élaborée de commun accord avec les participants pour la mise en place d’un cadre de concertation. Quelques recommandations ont été formulées à l’issu de ces ateliers :
- Organisation d’un forum sur la gestion de l’eau à Tshikapa ;
- Consolidation des fichiers des victimes de la pollution de 2021 et proposer leur indemnisation ;
- Poursuite des séances de sensibilisation des communautés locales des villages touchés par la pollution ;
- Aménagement des sources d’eau existantes et construction d’autres ;
- Structuration des comités locaux de veille et de sensibilisation
- plaidoyer pour que l’Etat congolais pour inciter à honorer ses engagements ;
Identification des partenaires clés de financement pour accompagner le cadre de concertation
L’honorable Kanku , Député Provincial de Tshikapa quant à lui ,dénonce la léthargie de la part de l’Etat Congolais dans la gestion de cette crise depuis les alertes de la pollution jusqu’à ce jour . Selon lui, les communautés riveraines devraient être indemnisées suite aux préjudices leur causées par la pollution des eaux.
Il prévoit à son niveau de porter un projet d’édit qui vise la protection des eaux et mettre en place un cadre de suivi au niveau national afin de prendre des engagements avec la société Angolaise pour que pareille situation ne se reproduise plus.
Après l’organisation des ateliers ,l’équipe du CTIDD s’est rendu dans les villages en vue de sensibiliser les communautés sur l’importance de la diversification des sources d’eaux .Au total 8 villages ont été sensibilisés dont : Kankala, kamabwe, Lunyanya, kibemba, kadiba, kamalenga ;Mushuma et Mitendo et quatre (4) comités de veille ont été mise en place pour servir d’une Equipe opérationnelle devant alerter à chaque fois qu’il y a pollution d’eau par les activités minières venant de l’Angola et des activités anthropiques des communautés locales .Au total 200 personnes ont pris part aux reunions de sensibilisation dont 133 Hommes et 67 Femmes .Le faible taux de participation des femmes aux réunions s’expliquent par les pésanteurs sociaux culturelles liées à la culture Luba et Tshokwe
Jusqu’à ce jour, la population du centre du pays subit les conséquences de cette catastrophe sans aucune mesure de réparation et de compassassions .Les femmes et les enfants sont les plus touchés ,ayant recours à l’eau de rivière tous les jours pour les travaux ménagers et le soin quotidien ;et les enfants en raison de leur vulnérabilité aux infections et aux dysenteries.
Pour ces habitants, les impacts sociaux et environnementaux causés par cette pollution ne sont pas à négliger à cause du potentiel de résidus de particules chimiques.
Il importe d’interpeller les décideurs sur la nécessité d’élaborer et mettre en œuvre un plan de gestion intégré du bassin versant du Kasaï avec en priorité un système de surveillance de pollution.
Dans l’entre temps, les conséquences enregistrées qui aurait touchées ,d’après l’analyse situationnelle et préliminaire réalisée par le Centre de Recherche en Ressources en Eau du Bassin du Congo (CRREBAC) directement près de deux millions de personnes et surtout la biodiversité aquatique suite aux effets de réactions chimiques dues à la présence des métaux lourds et autres éléments de trace en grande quantité dans ces cours d’eau, de la mortalité de plusieurs espèces de poissons; de la pourriture accélérée des poissons suivis de dégagement des odeurs nauséabondes, de l’apparition des cas de diarrhée chez les personnes ayant consommé les poissons ; de la perturbation des activités de pêches et de navigation, du manque d’accès aux services d’eau à usage domestique, de la mort des Hippopotames dans le domaine et réserve à Hippopotames de Mangaï, village Mombe et les dix-sept stations de production de la REGIDESO affectées.
La population de la ville de Tshikapa remercie le CTIDD pour son soutien et se dit satisfaite de sa démarche visant à réaliser une cartographie de degré de vulnérabilité des ménages affectés par la pollution afin de mener des plaidoyers et mettre en place des comités d’éveille pour la lutte contre la pollution des rivières à l’avenir. Elle sollicite de la part du gouvernement la construction des forages d’eau pour la diversification des sources ainsi que l’apport en médicaments étant donné que les communautés riveraines sont souvent victimes d’infections et maladies hydriques. Elle invite le gouvernement à mettre en place des mesures rigoureuses pour éviter un tel fléau à l’avenir.